Plusieurs auteurs tels que Frederick Herzberg (États-Unis, 1923-2000) ou Abraham Maslow dans les années 40 se sont penchés sur les besoins humains. Une petite définition s’impose : le besoin est une « nécessité ressentie », d’ordre physique, social ou mental. La satisfaction ou non-satisfaction (manque) s’exprime à travers des sensations : la faim exprime le besoin de manger, la satiété signale le besoin satisfait, la peur exprime le besoin de sécurité, le calme signale le besoin satisfait. Le besoin est une nécessité en cela que, s’il n’est pas satisfait, il bloque le processus de vie (besoins vitaux) ou de développement de l’individu (besoins sociaux, besoins mentaux…).
Comment interpréter nos émotions primaires ou l’inconfort émotionnel ?
La peur renvoie aux besoins physiologiques puis au besoin de sécurité, et besoin d’accomplissement : «j’ai peur si je n’ai pas de toit ou de quoi manger et j’ai peur d’être étouffé dans l’organisation, de ne pas pouvoir évoluer».
La colère correspond assez naturellement aux troisième et quatrième étages, qui sont en lien avec la relation aux autres, même si elle peut irradier la base ou le sommet de la pyramide: un besoin de respect et de considération.
La tristesse, liée au sentiment de perte, peut être présente à tous les étages et se combiner avec la colère et la peur. Elle exprime la phase de retrait que peut avoir un individu quand il n’est plus en phase avec son travail et/ou lui-même. En résumé, un besoin de réconfort.
La joie est un besoin de partage.
D’une manière générale, les différentes émotions peuvent être en résonance avec tous les étages de la pyramide de Maslow, selon les situations personnelles et sans hiérarchisation de niveau atteint.
On peut par exemple ne pas se sentir reconnu·e (besoin d’estime), ce qui va générer la peur d’être mis·e à l’écart, de ne pas obtenir la promotion espérée (besoin d’accomplissement) et la peur à terme de ne pas garder son emploi (besoin de sécurité).
Perçues négativement par les managers, les manifestations de tristesse ou de colère peuvent pourtant révéler de précieuses informations sur des besoins bien spécifiques du personnel. On stigmatise ainsi la réaction émotionnelle comme un élément perturbateur de l’homéostasie en entreprise –un terme emprunté à la biologie, qui souligne comment la vie et les organismes ont tendance à vouloir maintenir un équilibre.
Il semble important, comme le suggère le neurologue portugais António Damásio, de donner une seconde chance à l’émotion. Elle est en fait une opportunité qui doit mener à un travail de prise de conscience à l’échelle de la personne mais aussi de l’organisation, au niveau managérial.
Finalement, le risque n’est pas tant d’exprimer ses émotions que de ne pas entendre les signaux que l’état émotionnel envoie pour restaurer le bien-être de l’individu, et potentiellement du groupe et de l’organisation.
Pour aller plus loin, je propose d’accompagner les managers dans la gestion des besoins via des séances de coaching.